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    les oeuvres de rober louis

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    botaina
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    مُساهمة  botaina الأحد أبريل 26, 2009 6:02 pm

    Son œuvre
    À rebours de ses contemporains naturalistes, la poétique de Stevenson est résolument anti-réaliste. Elle privilégie les lois et les exigences de la fiction contre celles du réel, sans pour autant s'enfermer dans une quelconque tour d'ivoire. D'une part, c'est en œuvrant en vue de l'efficacité du récit que celui-ci pourra prétendre à fournir une représentation lisible du réel ; d'autre part, Stevenson représente moins la réalité même du réel de façon descriptive, qu'il ne donne à lire les représentations et les discours des êtres de ce monde : en témoigne la délégation récurrente du récit à des personnages narrateurs, par lesquels Stevenson donne à lire moins le réel même que les discours et les points de vue tenus sur ce réel. Souvent, ces discours sont ceux de la mauvaise foi, du mensonges et de l'hypocrisie de ses contemporains de l'époque victorienne ; à l'inverse, le choix d'un narrateur atypique est l'occasion de présenter un point de vue idéaliste et innocent. Dans les deux cas, cette mise en scène de la narration exerce une fonction critique de cette époque victorienne, qu'il revient au lecteur d'interpréter comme telle.

    Ses nouvelles et romans d'aventure, romance et horreur manifestent une profonde intelligence de la narration, de ses moyens et de ses effets. Stevenson est également un très lucide théoricien du récit et de sa propre pratique, et quelques-uns de ses articles critiques, notamment "Une humble remontrance", constituent d'authentiques essais de poétique du récit. Stevenson exploite tous les ressorts du récit : il procède à la multiplication des narrateurs et des points de vue en insérant dans son récit mémoires ou lettres de personnages (L'Île au trésor, Le Maître de Ballantrae, L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde), ce qui a pour effet de donner des versions différentes de la même histoire et de laisser ouverte l'appréciation des personnages et des événements comme la signification même du récit. Ainsi, L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde s'achève significativement sur la confession de Jekyll, sans que les narrateurs précédents ne reprennent la parole, soit pour tirer le sens de cette aventure et des questions éthiques qu'elle pose, soit pour accréditer ou réfuter la version des événements que donne Jekyll : au lecteur de décider. Stevenson recourt souvent à des narrateurs à la compréhension limitée ou à des points de vue lacunaires (le notaire et le chirurgien dans L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde), qui assurent un suspense maximal et favorise une incompréhension initiale propice au fantastique, et mettent en scène dans le même temps les limites étriquées de la compréhension scientiste des phénomènes (ainsi de phénomènes fantastiques) ou l'hypocrisie et la mauvaise foi toute victorienne de son temps (ainsi quant aux rapports fortement teintés d'homosexualité entre les personnages de L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde). Ce jeu narratif trouve son apogée avec les narrateurs indignes de confiance, qui par leurs silences délibérés et leurs mensonges laissent des parts d'ombre et d'ambiguïté dans le récit et requièrent un lecteur actif, susceptible de lire entre les lignes (Le Maître de Ballantrae). Stevenson démontre également sa virtuosité formelle dans Les Nouvelles mille et une nuits : ce recueil de nouvelles propose une seule histoire, mais éclatée en une série de récits, chacun donnant une étape de l'histoire à laquelle est associée un personnage principal ; tout le jeu et la prouesse reposent sur le grand écart que ménage Stevenson entre le récit autonome de chaque nouvelle et la trame générale de l'histoire commune à chacune d'entre elles : chaque nouvelle semble proposer un récit entièrement différent et finit par rejoindre et à faire progresser de façon centrale l'intrigue principale.

    L'art du récit de Stevenson se double d'une écriture extrêmement visuelle, propice aux scènes particulièrement frappantes, au très riche pouvoir de suggestion et fortement symboliques : le duel entre les deux frères dans Le Maître de Ballantrae, le piétinement de la fillette, le meurtre d'un notable à coups de canne ou la métamorphose dans L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde. Selon un paradoxe qui n'est qu'apparent, cette visibilité de l'écriture stevensonienne passe par une très grande économie de moyens, et le procédé repose davantage sur la suggestion à partir d'un très petit nombre de détails que sur une description exhaustive qui serait moins efficace : là également, Stevenson confie au lecteur un rôle actif. Stevenson a lui-même théorisé cette pratique dans ses Essais sur l'art de la fiction, où il dévoile notamment comment une carte, objet visuel non narratif, a fourni la matrice de l'Île au trésor. Cette maîtrise peut passer inaperçue dans la mesure où son objectif n'est pas de se faire remarquer pour elle-même ni même d'innover pour innover, mais de servir l'efficacité, la puissance et la signification du récit. Stevenson souffre de ce fait, surtout en France où la notion d'avant-garde a largement déterminé le jugement esthétique, d'une réputation d'auteur de romans d'aventure ou de récits fantastiques pour adolescents. Il ne faut pas s'y tromper : il a été salué avec enthousiasme par les plus grands de ses contemporains et de ses successeurs, Henry James qui le considérait comme le plus grand romancier de son temps, Marcel Schwob et Alfred Jarry qui l'ont traduit, André Gide, Antonin Artaud (auteur d'un scénario adaptant Le Maître de Ballantrae), Vladimir Nabokov qui fit cours sur L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, Jorge Luis Borges (dont la préface de L'Invention de Morel, d'Adolfo Bioy Casares, reprend exactement les thèses de l'article "Une Humble remontrance"), Italo Calvino, Georges Perec et plus récemment Jean Echenoz.

    Enfin, à la fin de sa vie, Stevenson fut l'un des premiers à décrire avec précision et fascination les paysages et les mœurs des contrées du Pacifique. Ses nombreuses contributions littéraires et sociologiques lui valurent l'estime des peuples du Pacifique. En pleine période du colonialisme triomphant, il a défendu la cause des autonomistes contre les puissances coloniales, surtout une fois installé à Samoa. Il a été honoré de la reconnaissance des habitants des Kiribati où son débarquement, un 12 juillet, a été repris comme point de départ de l'indépendance, 90 ans après. Aux Samoas, sur sa tombe, une épitaphe émouvante, le rappelle au souvenir des siens. La popularité de ses récits n'a jamais baissé, et nombreuses sont les adaptations, aussi bien en livre ( à noter en particulier les éditions pour jeunes magnifiquement illustrées par Pierre Joubert ou René Follet) qu'au cinéma

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